Christophe, tu es rentré dans ma vie, j’avais à peine 8 ans.
Tu en avais 18.
Tu avais l’âge de nos filles, et déjà le beau-père de deux jeunes bambins.
Je me souviens. Tu m’as appris à jouer aux échecs. A plonger. Tu étais le compagnon de jeu idéal.
Je me souviens. De l’estafette bleue où nous dormions tous les 4. Une vie sur la route.
Quand tu avais une passion, tu t’y consacrais des heures entières. Des semaines. Des mois.
Je me souviens de tes airs de guitare électrique à Pont de Claix. Van Halen. Santana. Dire straits.
De ta passion pour les jeux vidéo à leur commencement, ton épopée sur Zelda.
Le premier matériel informatique que j’ai vu, c’était le tien.
Grace à toi, j’ai vu des films, des centaines de films. Enregistrés et rangés grâce aux Jacquette dans le magazine télé.
L’appartement était un vrai vidéo club !
Tu es sans doute à l’origine de mon amour toujours intact pour le cinéma.
Tu m’as offert avec maman mon premier lecteur CD, et mon premier CD. C’était à Beauvezer.
Quand j’y repense, tout de toi m’évoque les jeux et la musique.
Tu expérimentais des statistiques en informatique pour gagner au loto.
Tu étais un idéaliste. Un solitaire. Un esprit libre.
Tes parents étaient mes grands-parents. Je les adorais tant. Je les aime toujours.
Par la suite, nous avons tous grandi, mais tu es resté par là. Jamais très loin.
Présent à mes 40 ans, au 20 ans de Vincent, à mon mariage, celui de maman avec Seb, aux jours de l’an, aux fêtes de famille. Aux fêtes sans raison. La vie était une fête. Toujours là.
Après la naissance de Vincent, qui m’appelait Lala car il n’arrivait pas à prononcer mon prénom, tu m’as toujours appelée ainsi. Lala.
Vincent ne le fait plus depuis longtemps mais tu continuais, toi, à le faire. Tu étais le seul.
Tu disais aussi merki à la place de merci. On aurait dit comme un smiley dans le mot merci!
Pour nos sorties bivouac en montagne , tu étais le premier à répondre OK, je serai là. Tout simplement. Toujours partant. Et tu étais là.
Au lac Achard, tu as porté ta chaise sur ton dos jusqu’au sommet et on s’est bien moqué de toi.
Tu n’avais rien pris d’autre que ta chaise.. Pas d’apéro, de repas ou de vêtements chauds. C’était tellement toi.
Dans le Vercors, après le COVID, tu étais là, encore. Tu as fait partager ta passion du drone à nos enfants. Toujours la joie de partager.
Je crois que tu adorais ce contact avec les enfants, enfant un peu toi-même par cette façon de vivre intensément, de jouer tout le temps , de ne pas te prendre la tête.
Le squash, le drone, les sports, la vie était pour toi un merveilleux terrain de jeux.
Tu incarnais les 3H : Humanité, Humour et Humilité. Ils ont été créés pour toi.
Tu étais là et c’était une évidence. Nous n’aurions jamais pu croire que cela puisse être autrement.
Tu n’étais pas un ami, nous ne partagions pas tout, tu n’étais plus la famille, et pourtant…
Je n’avais pas compris que tu étais si important pour moi. L’évidence ne se pense pas.
Il a fallu que tu partes pour que j’apprenne. Certaines lessons sont dures à comprendre.
Aux prochaines fêtes, tu ne seras pas là. Nous continuerons à vivre comme tu aimais et nous t’y inviterons, à chaque fois., tu peux compter sur nous.
Par une parole, une pensée, un souvenir, nous te ressusciterons et continuerons à te faire vivre avec nous.
Ton absence sera comme une presence encore plus forte.
Car si la vie est éphémère, le fait d’avoir vécu une vie éphémère est un fait éternel.
Il n’y a donc pas de fin à ce que tu es. Tu as vécu. La mort ne peut rien y changer.
Nous avons eu la chance de partager ce bout de chemin ensemble depuis tes 18 ans. 53 ans.
Tout cela a existé et je veux sourire en pensant à toi.
A ta chance d’avoir eu une belle vie.
A la notre d’avoir croisé sur le chemin une si belle personne.